De qui se moque-t-on en Côte d’Ivoire, et pourquoi ? Depuis l’éviction de Laurent Gbagbo du pouvoir le 11 avril dernier, les membres de son parti, le Fpi, crient au loup alors que les Houphouëtistes (large coalition au pouvoir) jurent et assurent que l’apaisement est de retour au pays d’Houphouët-Boigny, depuis qu’Ado a pris les rênes de cet Etat ouest-africain. Qui a donc tort, qui a donc raison ?

Les exigences de la gouvernance politique veulent que l’on pointe le doigt accusateur vers les actuels gouvernants de la première puissance économique de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine). Car, au cours de plusieurs sorties médiatiques, Alassane Ouattara a promis faire l’effort nécessaire pour ramener la quiétude quotidienne dans les rues de son pays, même s’il a « indiqué que la dissémination des armes sur le territoire ivoirien sous Laurent Gbagbo » ne facilite pas la tâche à ses hommes. Ce schéma, cette difficulté à surmonter pour réinstaurer la paix est la principale caractéristique de tout Etat post-conflit. Toutefois, visiblement, des éléments de l’armée hétéroclite qui ont soutenu Ado échappent au contrôle du ministre de la Défense et Premier ministre : Guillaume Soro. Un constat amer qui fait froid dans le dos. D’autant plus que, depuis l’arrestation du fondateur du Fpi, les forces onusiennes et Licorne sont presque aphones sur tout ce qui est sécurité dans un pays loin d’avoir retrouvé sa stabilité…

Il va falloir pourtant oublier les bilans macabres

Tôt ou tard, les Ivoiriens sont condamnés à tourner la page du décompte des morts qu’a orchestré le différend autour de « l’ivoirité ». Avec ou sans les résultats des travaux de la « Commission Dialogue-Vérité-Réconciliation ». De 1960 jusqu’en décembre 1999, la Côte d’Ivoire était considérée comme un havre de paix en Afrique occidentale. Malheureusement, ses dirigeants ont cherché et trouvé la violence ; avec la complicité de l’intelligentsia ivoirienne. La violence politique et ses corollaires irréversibles qui ont marqué les esprits de tous les Ivoiriens ces derniers mois devraient jouer un rôle de sentinelles, de Rubicons à ne plus désormais franchir. Si et seulement si la souffrance a réellement meurtri la chair des Ivoiriens de toutes catégories sociales.

La thérapie de choc dont a besoin « le pays des Eléphants » en ce moment, c’est la RECONCILIATION. Une donne qui ne saurait être une réalité si Ado tergiverse davantage à donner des gages d’assurance et surtout de sa bonne foi à ses adversaires politiques. Tout le monde a le sang sur la main en Côte d’Ivoire… A telle enseigne qu’il sera difficile au sorcier de vouloir juger la victime. L’alternative crédible qui se présente aux habitants de la « Terre de l’espérance » serait de faire confiance à la justice internationale et neutre.

En attendant cette ère de justice, les Ivoiriens des deux sexes rescapés de la guerre ont besoin de manger à leur faim, et surtout de s’épanouir ! Un épanouissement qui passe par la renaissance de leur Etat sur le plan économique en Afrique de l’ouest. Le Ghana, dans cette même sous-région, s’est engagé sur une voie de croissance qu’il n’est pas près d’abandonner. La Guinée (Conakry) aussi est de retour dans le gotha des Etats viables. Elle devrait surprendre plus d’un si elle jouit d’une bonne gouvernance. Ivoiriens, à vous donc la parole. Faire le « faro » économique au sein de l’Uemoa, c’est bien ; réaliser cette prouesse dans la Cedeao serait encore meilleur…