Un tribunal militaire de Bahreïn a condamné à la réclusion à perpétuité plusieurs militants chiites de premier plan ayant participé à des manifestations.
Un tribunal militaire de Manama a condamné, jeudi 22 juin, un groupe de 21 militants chiites de premier plan qui ont plaidé en faveur d'une réforme politique.
L'agence de presse officielle Bahrain News Agency a indiqué que ces militants de l'opposition avaient été accusés de « complot en vue de renverser le gouvernement » durant les récentes manifestations en faveur de la réforme. Huit d'entre eux ont été condamnés à la réclusion à perpétuité, les autres à des peines allant jusqu'à 15 ans d'emprisonnement. Sept personnes ont été jugées par contumace.
Amnesty International pense que certains des accusés pourraient être des prisonniers d'opinion, détenus uniquement pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions politiques et organisé des manifestations en faveur de la réforme au début de l'année. Certains auraient été torturés ou maltraités.
« Ces peines sont extrêmement sévères et elles semblent avoir été imposées pour des motifs politiques car nous n'avons eu connaissance d'aucun élément de preuve indiquant que ces militants aient recouru à la violence ou prôné son usage », a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.
« Des civils n'auraient pas dû être jugés par un tribunal militaire et l'iniquité de ces procès est manifeste. Le tribunal n'a en particulier mené aucune enquête satisfaisante sur les allégations selon lesquelles certains des accusés auraient été torturés et obligés à signer de faux « aveux » qui semblent avoir été utilisés comme éléments à charge contre eux. »
Parmi les personnes condamnées à la réclusion à perpétuité se trouvent d'importants militants de l'opposition tels que Hassan Mshaima, Abdelwahab Hussain, Abde Jalil al Singace et Abdulhadi al Khawaja.
Les militants n'ont pu avoir que très peu de contacts avec leurs avocats et au moins deux d'entre eux, Ebrahim Sherif et Abdulhadi al Khawaja, auraient été torturés. La fille d'Abdulhadi al Khawaja, Zaineb al Khawaja, a assisté au procès et a été expulsée de la salle quand elle a crié « Dieu est grand » après que le verdict eut été prononcé. Elle a été arrêtée et retenue dans un poste de police durant quelques heures avant d'être remise en liberté.
Un observateur de l'ambassade du Danemark a assisté au procès – Abdulhadi al Khawaja a la nationalité danoise – de même que des représentants des ambassades de Suède et des États-Unis.
Les avocats des militants comptent faire appel de ce verdict lors d'une audience qui doit avoir lieu dans les deux semaines à venir.
Le roi de Bahreïn, Hamad bin Issa al Khalifa, a promis un « dialogue national » qui doit débuter au mois de juillet autour des demandes de réforme.
« Il est difficile de comprendre comment un dialogue politique constructif pourrait avoir lieu à Bahreïn alors que le gouvernement reste si déterminé à enfermer les personnes qui le critiquent, comment le soulignent encore les peines prononcées aujourd'hui », a déclaré Malcolm Smart.
« Les autorités de Bahreïn doivent mettre un terme à ces procès iniques devant des instances militaires et libérer tous les prisonniers d'opinion, immédiatement et sans condition. »
Au moins 500 personnes ont été arrêtées à Bahreïn depuis que des manifestations en faveur de la réforme ont débuté en février ; quatre d'entre elles sont mortes en détention dans des circonstances suspectes. Près de 2 000 personnes ont été renvoyées ou suspendues de leurs fonctions.
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Les exigences de changement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (page spéciale)
Cet article est repris du site https://www.amnesty.org/fr/http%3A/%...